Au Soudan, la révolution du football féminin
Au Soudan, la révolution du football féminin
Le Soudan a lancé le 30 septembre dernier le premier championnat de football féminin de son histoire.
Une révolution dans ce pays qui s’ouvre depuis la chute de l’ex-président Omar El-Bechir, et qui ne va pas sans susciter quelques réticences.
Il y a encore quelques mois, personne n’aurait vraiment pris au sérieux l’hypothèse de voir un championnat de football féminin se créer au Soudan.
Mais depuis le départ forcé de l’ancien homme fort du pays, Omar El-Bechir, arrivé au pouvoir après un coup d’État en 1989 largement soutenu par les islamistes,
le pays s’est engagé dans une transition censée favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes.
La création de cette ligue féminine,
qui comprend 21 clubs, répartis en trois régions, en est l’une des plus spectaculaires expressions.
Les religieux se font entendre
Le premier match de l’histoire du championnat, entre les équipes de Tahdi et Difaa, s’est ainsi déroulé le 30 septembre à Khartoum, devant près de 8 000 spectateurs.
Parmi eux, la ministre des Sports, Wala Essam, qui a déclaré
« qu’une attention spécifique serait accordée au sport féminin et au football féminin. »
D’autres villes du pays ont également accueilli des matches, comme à Kadugli, Madani et Al-Obeid.
Mais dans ce pays qui reste profondément conservateur,
la pratique du football par des femmes n’est pas acceptée par tous.
Le 11 octobre, une importante foule s’était rassemblée devant une mosquée de Khartoum,
suite à un appel lancé par le prédicateur islamiste Abdel Hay Youssef, connu pour ses prêches radicaux et son soutien à Omar El-Bechir.
Abdel Hay Youssef avait violemment critiqué la ministre des Sports pour avoir encouragé la création de ce championnat féminin,
assurant que l’islam interdirait la pratique du football par les femmes.
« Il y a aussi des gens qui ne sont pas fondamentalement opposés à la pratique du football par des femmes.
Mais ils réclament en revanche que le public soit exclusivement féminin, notamment parce que des joueuses ne portent pas de foulard »,
affirme Ali Abusufiuan, consultant auprès d’Al Merreikh, un des plus grands clubs du pays.
« La révolution a fait évoluer les choses »
Mirvat Hussein, en charge du football féminin au sein de la Fédération soudanaise de football depuis son élection en 2017,
est revenue sur ce qui est considéré comme une vraie évolution au sein de la société soudanaise.
« Il y a moins de deux ans, un championnat féminin au Soudan n’était pas envisageable.