La fraude sur l’âge, fléau persistant du football africain
La fraude sur l’âge, fléau persistant du football africain
La triche sur l’âge dans le football africain est un fléau devenu systémique.
Si certains clubs prennent des mesures pour lutter contre les fraudes, de nombreux professionnels du ballon rond s’accommodent de cette situation.
L’ancien international sénégalais Guirane N’Daw (35 ans) n’a jamais été un grand bavard.
Mais sa récente sortie médiatique, lors d’une interview accordée au média IGFM, n’est pas passée inaperçue.
Le natif de Rufisque, qui joue désormais au niveau amateur à Algrange après avoir fait carrière en France,
en Espagne, en Angleterre et en Grèce, s’était fendu d’une tirade aussi brève que retentissante.
« Comme tous les Sénégalais, j’ai triché sur mon âge pour être professionnel.
En Afrique, je ne dis même pas au Sénégal, le joueur qui ne diminue pas son âge ne pourra pas être professionnel. C’est une réalité, qu’on le veuille ou non.
Au Sénégal, 99 % des joueurs ont diminué leur âge. »
Immédiatement, les propos de l’ancien milieu de terrain international (44 sélections) ont été condamnés par certains joueurs, dont Diomansy Kamara,
l’un des anciens coéquipiers de N’Daw chez les Lions de la Teranga, qui l’a traité « de pyromane qui incendie sa propre maison. »
Depuis, N’Daw a présenté ses excuses, mais sa déclaration ne doit pas exonérer au football africain la réflexion sur un problème bien réel.
« Sur le fond, il a raison »
En Afrique, plusieurs pays ont déjà été pointés du doigt et même sanctionnés par des instances organisatrices de compétitions pour des fraudes liées à l’âge.
En septembre 2018, la Confédération africaine de football (CAF) avait exclu les Écureuils du Bénin des éliminatoires de la CAN U17 pour tricherie sur l’âge légal.
De nombreux autres pays africains, comme le Cameroun, la République démocratique du Congo (RDC),
la Guinée, le Burkina Faso, le Mali ou la Côte d’Ivoire sont eux aussi été confrontés à ce fléau.
L’objectif de ce rajeunissement est, pour certains joueurs africains, de combler les lacunes de leur formation footballistique afin d’être repérés par les grands clubs,
notamment européens.
« Sur le fond, il [Guirlande N’Dawa] a raison. Je ne sais pas si cela concerne 99 % des joueurs sénégalais ou africains, mais les fraudes pour se rajeunir est un vrai problème.
On le sait :
cela se joue en moyenne sur deux ou trois ans »,
explique le dirigeant d’un club ivoirien, sous couvert d’anonymat.
« Certains clubs tentent de vérifier l’état-civil du joueur, en remontant son parcours scolaire.
Mais il y a encore des cas en Afrique où les parents mettent du temps à déclarer les naissances. ».