Traqué par la justice et en exil, le patron du football malgache est toujours en poste
Traqué par la justice et en exil, le patron du football malgache est toujours en poste
Soupçonné d’avoir détourné entre 20 et 25 millions d’euros entre 2009 et 2018, Raoul Rabe koto, le président de la Fédération malgache de football (FMF), continue à exercer sa mission depuis la France et la Suisse.
On peut donc être soupçonné de corruption, en fuite en Europe,
se trouver sous le coup d’un mandat d’arrêt international et exercer en toute légalité sa mission de président de fédération. Raoul Rabekoto en est la preuve.
Depuis la France et la Suisse, où il réside désormais, l’homme continue de gérer la Fédération malgache de football (FMF) à travers des visioconférences et l’application WhatsApp.
Il participe également, à distance, à des réunions organisées par la FIFA et la Confédération africaine de football (CAF).
Élu en août 2019 à la tête du football malgache face à Henry Raso amaro maka, un adversaire soutenu par le gouvernement du président Andry Redodelina,
Rabe koto est soupçonné dans une affaire de malversation dans ses précédentes fonctions.
Mandat d’arrêt international
Visé par une enquête de la justice malgache pour abus de fonction, favoritisme,
détournement de deniers publics,
faux en écriture publique et usage de faux,
Rabe koto est soupçonné d’avoir détourné entre 20 et 25 millions d’euros entre 2009 et 2018, selon un document judiciaire obtenu par Jeune Afrique.
L’affaire remonte à 2009,
lorsque Rabe koto a été nommé directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNaPS),
un organisme qui gère la sécurité sociale des salariés malgache.
Les faits qui lui sont reprochés portent notamment sur des travaux démarrés en 2010 pour la construction d’un hôtel cinq étoiles au cœur centre de loisirs et de complexe sportif à Vontov orona,
sans que soit respectée la procédure d’appel d’offres réglementaire.
Une enquête préliminaire diligentée par le Bianco a montré que seulement 50 % des travaux ont été effectués,
mais qu’ils ont été payés presque intégralement par la CNaPS.
Ce seul dossier porte sur un peu plus de quatre millions d’euros.
« Pour Rabekoto, il est question d’un enrichissement personnel beaucoup plus important,
compris entre 20 et 25 millions d’euros »,
affirme une source proche du dossier.
Attendu le 20 février dans les locaux du Bureau indépendant anticorruption (Bianco) d’Antananarivo,
Rabekoto ne s’y est jamais présenté.
L’homme a quitté Antananarivo 17 jours plus tôt, alors qu’il était frappé d’une interdiction de sortir du territoire.